Depuis la crise des subprimes, l’industrie automobile est en pleine révolution. Qu’il s’agisse de l’électrification, de la digitalisation, de l’automatisation ou de la transition énergétique, la mutation s’avère profonde et durable du fait qu’il y a autant de défis qui redéfinissent l’avenir du secteur. C’est pour cette raison que certains acteurs émergent ou se réinventent alors que l’Afrique devient progressivement un terrain stratégique pour les constructeurs mondiaux. Et ce changement se manifeste sous plusieurs formes : leadership chinois, ambitions européennes et nouvelles dynamiques industrielles qui ne cessent de se manifester.
Aujourd’hui, la transition vers le véhicule électrique (VE) redéfinit les règles du jeu industriel. BYD, constructeur chinois, est désormais le leader mondial du VE en volume, devant Tesla. L’avantage de BYD est qu’elle a une maîtrise totale de la chaîne de valeur (batteries, puces, production), ce qui lui permet d’offrir des prix compétitifs. BYD vise désormais l’Europe et l’Afrique, avec des projets d’usines locales, mais fait face en Europe à des droits de douane renforcés, à une méfiance culturelle vis-à-vis des marques chinoises et un accès difficile aux réseaux de distribution traditionnels. Par contre, Stellantis, géant né de la fusion PSA-FCA, a tardé à prendre le virage technologique à cause de sa dépendance historique du thermique. Néanmoins, le groupe rattrape son retard en déployant des plateformes STLA pour VE, en nouant des partenariats avec Amazon et Foxconn pour accélérer sa progression technologique sur le logiciel embarqué. L’économie circulaire (recyclage, rétrofit) réduit les dépenses tout en réduisant ses coûts d’émission de CO2.
Malgré ses défis technologiques, Stellantis conserve aussi un potentiel économique important grâce à un portefeuille de marques internationales, sa forte présence en Amérique latine et en Afrique, notamment avec Jeep et Fiat qui sont très populaires dans les marchés émergents grâce à leur robustesse et adaptabilité. La montée de Jeep en est un exemple dans le continent africain. La marque présente dans de nombreux pays africains à travers Stellantis en bénéficiant d’une image robuste qui est parfaitement adaptée aux terrains difficiles et en développant des versions hybrides 4×4 qui peuvent convenir aux besoins des marchés africains à faible infrastructure de recharge.
Contrairement à ces groupes, BMW et Volkswagen ont une vision globale différentes. Parce que BMW continue de rester un acteur premium mondial, misant fortement sur l’innovation technologique, les interfaces numériques et la mobilité durable. Elle se positionne également sur des segments avancés : véhicules connectés, électrification, services de mobilité. BMW, à travers sa gamme « i », s’aligne dans le même sens sur la vision de la voiture hautement numérique et personnalisable, intégrée à un écosystème de services. Tandis que Volkswagen (VW) investi fortement dans la plateforme modulaire MEB, dédiée au 100% électrique. En Afrique, Volkswagen mise sur la production locale (Rwanda, Ghana, Afrique du Sud) pour répondre à la demande régionale en conciliant coût, fiabilité et durabilité malgré les difficultés liées à la montée en puissance des marques chinoises.
Avec ses bouleversements, l’avenir du véhicule se résume entre l’évolution de logiciels, l’autonomie et le modèle d’usage. La voiture de demain est aussi :
• Connectée, via des mises à jour OTA (over-the-air) comme chez Tesla et BMW.
• Autonome, bien que les niveaux 4 et 5 restent encore hors de portée en termes de législation et de fiabilité.
• Servicielle, via des modèles d’abonnement, d’autopartage ou de location évolutive.
Un acteur qui ne se réinvente pas assez vite par rapport à l’évolution du marché, risque de disparaitre en laissant le marché mondial à des acteurs comme Tesla ou BYD qui investissent massivement dans le logiciel automobile et les plateformes intelligentes, avec des hubs dédiés au développement digital.
En somme, l’industrie automobile n’est plus comme le début du siècle. Elle traverse une transformation violente qui redéfinit de manière rapide ses maçonneries technologiques, économiques et géopolitiques. C’est dans ce cadre que les constructeurs qui sauront combiner l’innovation technologique, l’adaptation aux nouveaux usages et l’ancrage territorial consistant auront un avantage concurrentiel crucial.